Addiction sucre

L’addiction au sucre est une idée omniprésente dans les discours traditionnels sur la nutrition et la santé publique.

En tant qu’hypnothérapeute, spécialiste de la perte de poids, j’entends souvent lors des consultations en cabinet à Rambouillet ou en visio : « Je suis accro au sucre », « Le sucre est une drogue », « C’est plus fort que moi, je suis obsédée par le sucre » ou encore « je suis addict au sucre ».

Pourtant, des spécialistes de la nutrition, psychiatres, psychologues ou endocrinologues et diabétologues du G.R.O.S (Groupement de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids), remettent en question cette notion d’addiction au sucre.

Cet article a pour but d’éclairer ce sujet controversé, d’expliquer pourquoi l’addiction au sucre, telle qu’elle est souvent décrite, n’existe pas dans les termes strictement scientifiques, ce qui se passe en l’état des connaissances, en particulier grâce à l’apport des neurosciences et surtout comment en sortir.

Quels sont les symptômes de l' »addiction au sucre » ?

L’addiction au sucre se manifeste par plusieurs symptômes qu’il est important de reconnaître pour agir efficacement.

Les personnes dépendantes au sucre ressentent souvent des envies irrépressibles de consommer des aliments sucrés. Souvent cette surconsommation est rattachée à des moments de stress ou de fatigue. Ces envies sont souvent suivies de comportements compulsifs, comme le grignotage excessif de sucreries.

Un autre signe courant est la sensation de satisfaction rapide après la consommation de sucre. De la culpabilité, de la honte ou de la colère, par exemple, peut être ressentie après ou même simultanément.

S’ensuit après une chute brutale d’énergie, incitant à en consommer encore plus.

Cette dépendance peut également s’accompagner de troubles de l’humeur, d’irritabilité ou de déprime lorsque le corps manque de sucre.

Comment fonctionne une « addiction au sucre » ?

Qu’est-ce qu’une addiction au sucre ou en général?

Avant d’aborder directement l’addiction au sucre, il est essentiel de comprendre ce que signifie l’addiction. En psychologie et en médecine, l’addiction se caractérise par une dépendance incontrôlée à une substance ou à un comportement, entraînant des effets néfastes sur la santé physique et mentale. L’addiction, qu’elle soit liée à des substances comme l’alcool ou les drogues, ou à des comportements comme le jeu pathologique, repose sur des critères précis établis par le DSM-5 (Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux).

Les critères incluent :

Ces éléments sont rarement observés de manière stricte en ce qui concerne la consommation de sucre. Bien que certaines personnes aient l’impression d’être « accros » au sucre, les études montrent que les réponses physiologiques et comportementales face au sucre diffèrent fondamentalement de celles liées aux drogues.

Mais voyons comment fonctionne un comportement non-addictif et nous verrons ensuite comment fonctionne un comportement addictif pour nous permettre de mieux comprendre.

Comment fonctionne un comportement « normal » ?

Au cœur de nos comportements instinctifs ou inconscients, il y a 4 systèmes clé liés les uns aux autres :

Le système de récompense a pour fonction de s’assurer de notre motivation à répondre à nos besoins vitaux afin de garantir la perpétuation de notre espèce.

Le circuit de récompense, repose sur la production de dopamine, messager chimique du plaisir.

Ainsi, nous sommes amenés à répéter le comportement ou à rechercher la substance puisqu’il nous procure du plaisir.

SCHEMA DU SYSTEME DE RECOMPENSE

Addiction sucre

Ainsi, mon système interne mémorise (système d’apprentissage) que lorsque mon besoin est satisfait par une action adaptée (circuit de motivation, circuit d’apprentissage et circuit de contrôle), j’éprouve du plaisir (système de récompense) et donc de la motivation à satisfaire à nouveau le besoin de façon adaptée lorsqu’il se représentera.

Ce système fonctionne différemment en cas d’addiction.

Comment fonctionne un comportement addictif ?

En effet, dans le cas d’une addiction, le système global s’emballe. Les différents circuits se « désynchronisent » en quelque sorte. La consommation de drogue va augmenter la décharge de dopamine qui va avoir pour but, non plus de procurer du plaisir qui va totalement disparaître, mais de lutter contre l’état de manque. Par ailleurs, les autres besoins ne seront plus ressentis, celui de palier au manque prenant toute la place.

SCHEMA DU SYSTEME DE RECOMPENSE ADDICTIF

Addiction sucre

Le sucre est-il une drogue ?

NON !

Le sucre, ni aucun autre aliment, ne provoque de syndrome de sevrage à l’arrêt de la consommation contrairement à l’alcoolisme chronique par exemple.

Il n’y pas non plus de tolérance, qui conduit à augmenter sans cesse les doses consommées pour obtenir le même effet.

Les études et observations scientifiques via des imageries cérébrales, le montrent, il n’y a pas d’incidence sur la production de dopamine.

Le sucre et le cerveau : les bases neurobiologiques

Une grande partie de l’argumentation autour de l’addiction au sucre se base sur l’idée que le sucre active les mêmes circuits de récompense dans le cerveau que certaines drogues.

Effectivement, la consommation de sucre stimule la libération de dopamine, une molécule souvent appelée « hormone du plaisir ». Cela conduit à la conclusion erronée que le sucre serait aussi addictif que la cocaïne ou la nicotine. Cependant, la réalité est plus complexe.

La dopamine est libérée en réponse à de nombreux plaisirs naturels. Le fait de manger, d’avoir des interactions sociales positives, ou encore faire de l’exercice font partie de ces plaisirs. Ce mécanisme est essentiel pour la survie et ne signifie pas automatiquement que la personne est dépendante. Dans le cadre d’une addiction véritable, les circuits de récompense sont altérés de manière durable. Ainsi, l’individu est poussé à chercher toujours plus de la substance pour ressentir les mêmes effets. Avec le sucre, cette altération durable n’a pas été observée.

En d’autres termes, le plaisir que nous tirons du sucre est normal. Il fait partie du système naturel de récompense du cerveau. Comparer cela à l’addiction aux drogues dures est une simplification excessive et trompeuse.

Quel est l’intérêt et l’importance d’écarter la notion d’addiction au sucre ?

La prise en charge et les conséquences sur le quotidien et les suites sont totalement différentes.

Si l’addiction à l’alimentation était réelle alors il conviendrait de procéder à un sevrage. Cela nécessiterait un accompagnement des symptômes associés (tremblements, sueurs, anxiété/dépression…), le cas échéant. Et l’abstinence totale de consommation des aliments prétendument « addictifs » serait de rigueur pour toute la vie.

Mais peut-on réellement écarter de notre alimentation tout sucre ?

Est-ce que notre comportement alimentaire ne finirait pas par se modifier pour aller chercher une autre source de plaisir ?

Ainsi, ne risquerait-on pas de conduire certaines personnes vers la consommation de produits plus dangereux que le chocolat ou les chips ?

Il est impossible d’envisager l’éviction du sucre de notre alimentation. Et toute tentative conduirait à mettre en place une restriction cognitive qui déboucherait immanquablement à des troubles du comportement alimentaire. Ces tentatives nous éloignent de surcroît sans cesse un peu plus de nos sensations de faim et de rassasiement. Cela aboutirait à une alternance de périodes de contrôle strict (régimes restrictifs) et de phases de reprise de poids. Souvent (tout le temps ?) le nombre de kilos repris est plus important que le poids perdu.

Alors pourquoi est-ce que je me sens accro au sucre  ?

Malgré toutes vos tentatives de régimes, de privations, tous les subterfuges développés pour ne plus avoir envie de manger du sucre, vous ne parvenez pas à vous retenir. Cette attirance irrépressible pour le sucre est plus forte que vous, obsédante et incontrôlable.

Il y a bien un mécanisme addictif qui s’est mis en place : Une addiction comportementale.

L’addiction comportementale est un comportement répété, non pas pour obtenir du plaisir, mais pour éviter de ressentir du déplaisir. Il est mis en place pour atténuer certaines émotions ou un mal-être.

Il en est ainsi de l’addiction au travail, aux jeux de hasard ou d’argent, au sport compulsif…

Ce comportement addictif est complexe, car il fait intervenir différents circuits de décision et différents apprentissages inconscients. Il peut également résulter de mécanismes automatiques, comme les compulsions alimentaires.

Dans le cadre de l’accompagnement en hypnothérapie que je propose, en tant qu’hypnothérapeute spécialiste de la perte de poids, l’objectif est de passer d’un comportement alimentaire désorganisé, qui peut passer pour une apparente addiction au sucre, à une alimentation intuitive. Il s’agit d’une alimentation régulée, respectueuse des besoins alimentaires de toute sorte, des sensations de faim, de satiété et de réconfort.

Cela suppose de réaliser un travail en profondeur, qui nécessite de l’engagement et de la patience.

Comment se libérer d’une « addiction au sucre »?

Apaiser les causes émotionnelles et psychologiques de la surconsommation de sucre

Beaucoup de personnes qui pensent souffrir d’une addiction au sucre ont en réalité une relation compliquée avec la nourriture, influencée par des émotions, le stress, des restrictions alimentaires passées, des apprentissages ou encore des croyances.

Ce travail exploratoire passe par l’observation des comportements alimentaires et des émotions associées pour mettre à jour des mécanismes ou des automatismes qui traduisent l’existence dans le fonctionnement de chacun d’apprentissages anciens ou de croyances qu’il conviendra de redéfinir via un travail en hypnose à travers des régressions notamment ou des changements de perception.

Parfois le stress ou les émotions sont intenses au quotidien, et nécessite de se réconforter via des aliments sucrés. Apaiser les émotions et faire baisser le niveau de stress, permet de limiter les besoins de réconfort alimentaire.

Enfin, il existe beaucoup d’autres sources de plaisir à explorer au quotidien que l’alimentation. En effet, notre circuit de récompense humain est aussi stimulé par la musique, le sport, la grasse matinée, la sexualité, l’art, le jardinage…Je trouve intéressant d’explorer avec les personnes que j’accompagne en cabinet à Rambouillet ou en visio d’autres pistes de plaisir afin d’ajouter celles-ci à l’alimentation. Nous utilisons ensuite ces expérimentations pour construire un nouveau modèle de fonctionnement ce qui permet de pérenniser les solutions à long terme grâce à la modélisation en état d’hypnose.

Remplacer le contrôle cognitif par la régulation physiologique

Est-il possible de manger uniquement les aliments que l’on aime en quantités illimitées sans prendre de poids ?

La réponse est claire : NON !

La fonction alimentaire est une fonction naturellement régulée.

Pour preuve, essayez de forcer un nourrisson à prendre son biberon quand il n’a plus faim… ! De la même façon, avez-vous tenté de faire patienter un bébé qui a faim en essayant de détourner son attention de sa faim par des clowneries en attendant que le biberon soit prêt ? Est-ce que ça a marché ? NON ! Le nourrisson qui n’a plus faim, va serrer tellement fort les gencives, qu’il sera quasiment impossible de faire entrer un quelconque aliment liquide ou solide dans sa bouche. Et si d’aventure vous y parvenez, il recrachera instantanément l’intrus…

La bonne nouvelle, c’est que nous savons tous le faire instinctivement depuis la naissance.

Alors pourquoi ça ne marche pas pour moi ?!

Des études sur l’alimentation intuitive et la psychologie du comportement alimentaire montrent que la restriction alimentaire, notamment celle du sucre, peut entraîner des épisodes de surconsommation, s’apparentant à une addiction au sucre. Mais ce qui est vrai pour le sucre est également vrai pour tout autre aliment. Lorsque les individus se privent de certains aliments jugés « mauvais », ils en viennent souvent à développer des envies intenses et des comportements compensatoires. Ce n’est pas une addiction, mais plutôt une réaction normale du corps à la privation.

Le célèbre « effet de privation » démontre que lorsqu’un aliment est interdit, il devient plus désirable. Ainsi, dans une société où le sucre est souvent diabolisé, il n’est pas surprenant que certaines personnes en viennent à en consommer de manière excessive dès qu’elles y ont accès. Ce comportement n’est pas une addiction mais une réponse psychologique aux messages contradictoires autour de l’alimentation.

Un des principes fondamentaux d’une relation saine et intuitive avec la nourriture, est que tous les aliments, y compris ceux riches en sucre et/ou en graisse, ont leur place. Cette approche permet de réduire l’obsession pour certains aliments et de prévenir les comportements de « binge eating » ou de compulsion.

FONCTIONNEMENT D’UNE COMPULSION ALIMENTAIRE

Addiction sucre

La privation de certains aliments peut entraîner des envies intenses qui ressemblent à des symptômes d’addiction, mais qui ne sont en fait que des réponses naturelles à la restriction. C’est ce qu’on appelle l’effet de « rebond » ou de « restriction ».

Quelques pistes à explorer

1/ Identifier les besoins alimentaires : faim ou réconfort ?

2/ Déguster les aliments répondant aux besoins alimentaires identifiés, prendre du plaisir à manger.

3/ Normaliser le fait d’avoir des besoins alimentaires émotionnels et de consommer des aliments riches dans ces cas-là. Arrêtez de culpabiliser !!!

4/ Se concentrer sur les sensations, le changement de goût des aliments, la baisse de plaisir pendant la consommation pour se connecter à la sensation de rassasiement.

5/ Explorer d’autres façons de prendre du plaisir que l’alimentation et vous reconnecter à d’autres désirs.

Dans quels cas faut-il se faire aider ?

1/ Lorsque vous vous sentez dépassée par vos envies alimentaires.

2/ Quand vous n’arrivez plus à percevoir les sensations alimentaires : faim, satiété, rassasiement…

2/ Quand la peur de grossir est plus forte que le besoin de se libérer du comportement addictif.

3/ Lorsque le stress, le manque de sommeil, les émotions, comme la peur de la solitude, sont tellement fortes qu’elles vous conduisent à surconsommer des aliments réconfortants pour compenser un mal-être trop souvent.

4/ Lorsque vous sentez que les habitudes alimentaires sont ancrées.

5/ Quand l’envie de manger est obsédante et irrépressible.

6/ Lorsque vous vous sentez prête à vous libérer de la nourriture et que vous souhaitez en faire une étape importante de votre vie pour enfin passer à autre chose.

7/ Lorsque vous avez peur de quitter cette relation douloureuse à la nourriture même si vous en avez besoin.

Conclusion

L’idée que le sucre est une drogue addictive repose sur des malentendus à la fois sur le fonctionnement du cerveau et sur les comportements alimentaires humains. Le sucre, bien qu’il puisse être consommé en excès dans certains contextes, n’entraîne pas de dépendance au sens médical du terme. La surconsommation de sucre est souvent liée à des facteurs émotionnels, culturels et psychologiques, plutôt qu’à une véritable addiction.

Adopter une approche plus nuancée, comme l’alimentation intuitive, permet de développer une relation plus sereine avec la nourriture et de sortir du cercle vicieux de la restriction et de la surconsommation. Plutôt que de diaboliser le sucre, nous devons réapprendre à savourer la nourriture dans sa globalité, sans culpabilité ni excès.

« Je peux résister à tout, sauf à la tentation »

                                                 Oscar Wilde

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *